Retourner chez son ancien employeur après l’avoir quitté : cela peut sembler étrange, et pourtant cette tendance est de plus en plus observée. Une entreprise sur trois constate, en effet, une hausse du nombre d’ex-employés souhaitant y revenir. Telle est la conclusion tirée d’une enquête menée par le spécialiste du recrutement Robert Half. « Cette tendance s’appelle le “recrutement boomerang” et on l’observe de plus en plus, depuis quelques années. Pour les employeurs, cela peut être une stratégie de recrutement complémentaire sur un marché de l’emploi tendu », explique Joël Poilvache, Regional Managing Director chez Robert Half.
Les travailleurs qui décident de quitter leur employeur le font pour plusieurs raisons. Au cours des dernières années, nous avons notamment remarqué que la rémunération joue un rôle important. Les travailleurs ne cherchent pas nécessairement de meilleures conditions, mais sont parfois frustrés par certains aspects de leur emploi actuel. Ils se tournent alors souvent vers de nouvelles opportunités, sans aborder au préalable ces contrariétés avec leur employeur. Toutefois, choisir de relever un nouveau défi n’est pas forcément un signe d’insatisfaction. Des raisons personnelles peuvent également motiver leur décision, ou encore des opportunités inattendues ou imprévues. Et tout comme une porte peut se fermer, elle peut très bien s’ouvrir à nouveau.
L’enquête menée par Robert Half révèle que 31 % des employeurs constatent une augmentation des demandes de retour de la part d’anciens salariés. Ce phénomène de « recrutement boomerang » est une aubaine sur le marché de l’emploi actuel. Le vivier de talents constitué par ces « revenants » est une source de recrutement intéressante et supplémentaire. Les entreprises doivent absolument l’intégrer à leur politique d’embauche, comme l’explique Joël Poilvache :
« Une stratégie boomerang réfléchie témoigne d’une approche holistique de la gestion des talents et peut constituer un complément très utile à votre politique RH. Garder le contact est dès lors essentiel. Mettez par exemple une sorte de “programme alumni” en place, continuez de suivre les anciens salariés sur les réseaux sociaux ou restez personnellement en contact. Si votre entreprise subit une transformation, cela pourra être l’occasion de faire revenir d’ex-collaborateurs. Il sera alors indispensable de bien clarifier les attentes mutuelles afin d’éviter un nouveau “mini-boomerang”. »
L’impact croissant du recrutement boomerang met en lumière l’importance d’un bon entretien de sortie. Que vous soyez le travailleur ou l’employeur, assurez-vous de partir sur une belle note de fin — quel que soit le contexte. Un entretien de sortie positif permet de laisser la porte ouverte à une future nouvelle collaboration. Les anciens collaborateurs sont également de précieux ambassadeurs pour votre entreprise et peuvent vous offrir une publicité inestimable.
Joël Poilvache souligne l’importance cruciale d’un entretien de sortie, tant pour le collaborateur quittant l’entreprise que pour cette dernière : « Il me semble que beaucoup ne réalisent pas la valeur d’un tel entretien. Un bon entretien de sortie permet d’aborder les raisons du départ. Dans tous les cas, il s’agit de faire preuve d’ouverture d’esprit pour accueillir le feed-back du collaborateur partant. Vous pouvez en effet en tirer des enseignements pour votre équipe actuelle et pour les collègues qui reviendraient éventuellement au bercail. Se quitter avec un sentiment de rancune n’est bon pour personne. Lors de l’entretien de sortie, veillez donc à ce que les obstacles au retour soient aussi minimes que possible en vue de collaborations futures. »