L’idée préconçue selon laquelle l’intérim management ne constituerait pas un emploi fixe et offrirait moins de sécurité d’emploi n’est plus d’actualité. Telle est la conclusion tirée lors d’une enquête menée par le spécialiste du recrutement, Robert Half. « Le poste d’intérim manager offre le meilleur des deux mondes : la flexibilité et l’indépendance, mais aussi la sécurité d’emploi. La fonction séduit de plus en plus de travailleurs, y compris les jeunes et les femmes. L’époque où un intérim manager était nécessairement un homme de plus de 50 ans est donc révolue. »
La fonction d’intérim manager n’est plus réservée aux travailleurs en fin de carrière ou en quête d’un nouveau défi. En effet, les travailleurs se tournent vers l’intérim management de plus en plus tôt dans leur carrière. Ces dernières années, les femmes sont également de plus en plus nombreuses à s’engager sur cette voie : quatre femmes sur dix sont actives en tant qu’intérim manager depuis un maximum de deux ans, face à un quart pour les hommes.
Intérim manager un jour, intérim manager toujours. À peine plus de 10 % des répondants envisagent de reprendre un emploi fixe traditionnel. Cette proportion est légèrement plus élevée chez les personnes âgées de plus de 55 ans, où un travailleur sur cinq n’exclut pas une telle transition dans les années précédant son départ à la pension. Ceci peut s’expliquer par le régime de retraite (plus) avantageux qu’offre un contrat fixe.
Sécurité de l’emploi ? Check !
Cette enquête révèle également que deux répondants sur trois sont employés à temps plein et que 20 % d’entre eux travaillent 4 à 4,5 jours par semaine en tant qu’intérim manager. Par ailleurs, 66 % de ces projets d’intérim management s’étendent sur une période de plus de 9 mois, et un projet sur trois dure entre un et deux ans. Seule une mission sur sept prend fin après six mois. Moins de 15 % des intérim managers travaillent d’ailleurs simultanément sur deux projets.
« La plupart des intérim managers se limitent à une seule mission à la fois. Autrement dit, les entreprises peuvent quasiment toujours compter sur des intérim managers qui se concentrent à 100 % sur leur projet en cours » indique Jan Vandenbussche, Senior Director Interim Management & Technology chez Robert Half. « Certains projets s’étendent, par nature, sur une période plus longue. On peut notamment penser aux projets de changement ou de redressement plus complexes, aux implémentations ERP ou à la transformation numérique au sens large, un domaine dans lequel l’IA jouera certainement aussi un rôle important. Les entreprises sont donc de plus en plus demandeuses en termes de ces spécialistes. »
Et une fois la mission terminée ?
À la fin d’un projet, les intérim managers parviennent sans difficulté à en trouver de nouveau. Un répondant sur cinq retrouve du travail dans les deux semaines, quatre sur dix après un mois. Les intérim managers dénichent généralement cette mission par le biais d’un intermédiaire (49 %), de leur propre réseau (36 %) ou de plateformes telles que LinkedIn (14 %).
Le choix d’une mission repose sur la même motivation intrinsèque pour les hommes et les femmes : sept fois sur dix, ils optent pour le projet le plus intéressant. L’éthique professionnelle constitue un autre facteur déterminant, puisque les intérim managers privilégient les clients qui se décident en premier. Autre chiffre notable : la distance entre leur domicile et le lieu de travail joue explicitement un rôle dans le choix de 17 % des femmes, face à 6 % chez les hommes.
Pour Jan Vandenbussche, le constat est sans appel : « L’intérim management offre la sécurité de l’emploi, mais aussi de la flexibilité et de l’indépendance : vous choisissez un projet qui vous passionne et qui cadre à la fois avec votre expertise et avec votre plan de carrière. De plus, dans le contexte actuel de la “guerre des talents”, les entreprises peinent à pourvoir leurs postes vacants. Elles font plus rapidement et plus fréquemment appel aux intérim managers pour apporter un soutien “à la carte”, car le processus de recrutement permanent peut prendre du temps. Et ces entreprises ne laissent tout de suite pas partir les intérim managers performants : elles mettent souvent à nouveau leur expertise à profit sur d’autres projets, ce qui leur permet de conserver les connaissances acquises en interne. »
L’avenir sur fond d’IA
À en croire les intérim managers, la transformation numérique sera le principal défi pour l’année en cours, et celles à venir. L’impact de l’IA sur les entreprises et leurs opérations ne cessera de croître.
« Les entreprises se trouvent actuellement dans la phase initiale d’intégration de l’IA dans leurs modèles d’entreprise », conclut Jan Vandenbussche. « Elles doivent tenir compte du récent AI Act de l’Union européenne, qui fournira un premier cadre pour la réglementation relative à l’intelligence artificielle. L’adaptation et l’optimisation du modèle et des processus d’entreprise vis-à-vis de l’IA requièrent une expertise spécifique de haut niveau. Par conséquent, les entreprises recherchent des intérim managers expérimentés pour mener à bien ces projets. »
À propos de l’enquête
Fin 2023, Robert Half a interrogé près de 600 intérim managers belges de tous âges et issus de toutes disciplines. Le groupe interrogé a été composé de manière représentative (sexe et âge). Cette enquête met en lumière différents aspects de l’intérim management.