Contrairement à l'hypothèse généralement admise, l’automatisation des processus d’entreprise ne mène pas nécessairement à des pertes d’emplois. Dans les départements financiers, elle entraînerait même une croissance de l’emploi. C’est ce qui ressort d’une enquête réalisée par le spécialiste du recrutement Robert Half auprès de 200 Chief Financial Officers (CFO) belges. Ce constat va à l’encontre de l’idée que les processus automatisés causeraient des pertes d’emplois. Cette évolution amènera toutefois un glissement au niveau des profils requis. Huit CFO sur dix sont par ailleurs convaincus que la numérisation et l’automatisation auront un impact positif sur leur entreprise.
Pour sept personnes interrogées sur dix, l’automatisation ne mènera pas à des pertes d’emplois, mais bien à un ajustement des compétences demandées. Des engagements fixes et temporaires en seront même la conséquence. L’an prochain, 29 % des CFO prévoient ainsi de créer des postes fixes afin de soutenir la mise en œuvre de l’automatisation. 14 % choisiront de recruter à titre temporaire. Près de la moitié des répondants (49 %) compte conserver les fonctions existantes et remplir les postes à pourvoir.
Des fonctions financières d’un nouveau genre
Dans le domaine financier, l’automatisation permet de confier des tâches chronophages, comme la saisie de données, à des outils d’analyse et de traitement intelligents. Les tâches répétitives disparaissent et des résultats exploitables sont disponibles beaucoup plus rapidement. Selon 70 % des CFO, l’automatisation exigera des profils financiers qu’ils développent de nouveaux champs d’expertise.
« Il est important de pouvoir prévoir de quelles compétences vous aurez besoin à l’avenir. De savoir quels seront les besoins et les carences éventuels. Les entreprises qui regardent vers l’avenir investissent non seulement dans des programmes de gestion des talents pour leurs collaborateurs existants, mais recherchent aussi proactivement des professionnels qui disposent d’une expertise spécifique qui manque encore à la société », explique Frédérique Bruggeman, Managing Director Robert Half BeLux. « Le leadership, les capacités d’analyse et la vision commerciale sont les principales compétences qui devront être celles des spécialistes financiers. »
Paul Denayer, CFO d’Alpro, considère la tendance actuelle vers une plus grande automatisation comme une opportunité : « Il est important de miser dès aujourd’hui sur la technologie pour aborder certains processus périodiques de manière plus efficace. L’automatisation ouvre la voie à une orientation stratégique pour l’entreprise. La technologie sert dès lors également à analyser des données, notamment pour prédire des tendances, comprendre le comportement des consommateurs ou se focaliser sur l’innovation. En communiquant ces idées clairement à l’entreprise, le département financier soutient et facilite considérablement le processus décisionnel, » dit Denayer dans le rapport ‘Finance 2020 : Plus proche que vous ne le pensez’ par Robert Half.
Capacité d’adaptation
Dans les cinq années à venir, les fonctions qui seront les plus affectées par l’automatisation sont la saisie de données (41 %), le contrôle financier (38 %) et l’analyse financière (38 %). Deux tiers des CFO pensent toutefois que ces changements permettront aux collaborateurs d’augmenter sensiblement leurs prestations individuelles. En effet, l’automatisation leur permettra de remplir leurs fonctions de manière plus efficace.
Pour les dirigeants d’entreprise, il convient donc d’engager de nouveaux employés qui seront prêts à s’adapter à cette nouvelle réalité. « Notre enquête montre qu’il n’y a que peu de tâches financières qui ne seront pas automatisées », ajoute Frédérique Bruggeman. « Les CFO réalisent qu’ils vont être confrontés à de sérieux changements et ont déjà souvent réfléchi à des plans d’affectation des moyens, de formations et de recrutement. Pour réussir cette transformation, ils doivent bien combiner la technologie et les collaborateurs. A mesure que progresse l’automatisation, le département financier devient un partenaire stratégique toujours plus important dans la conduite de l’entreprise. »